• Interview

  • Article extrait de notre livre blanc IA & Formation à télécharger ici.

    Avec l’utilisation généralisée de l’IA, quelles nouvelles questions déterminantes se poser dans sa stratégie Learning ?

    Florian : Plutôt que de parler de « nouvelles questions »,


    il s’agit de trouver de nouvelles approches pour répondre de manière rapide aux trois principaux défis qui préoccupent constamment les Directions de formation : sur quoi former, comment former et comment faire évoluer sa stratégie Learning.

    En termes de contenu de la formation à moyen terme, les IA vont exiger une refonte progressive et complète de toutes les thématiques de formation stratégiques des entreprises. Les formations métier et leur rapport à la valeur ajoutée de leur produits et services, la conduite de projet, les comportements managériaux, les parcours d’intégration jusqu’au remodelage des rôles et responsabilités individuels, ainsi que la formation des forces de vente avec des axes d’entraînement beaucoup plus pragmatiques, tout cela sera profondément remanié.

    Les compétences pertinentes à tous les niveaux vont se transformer, et les Directions de formation devront continuer à relever le défi de la professionnalisation effective des équipes. Quant à la méthode de formation, avec plus de 8 000 outils embarquant des IA sur un marché encore embryonnaire, la responsabilité des Directions de formation résidera dans la construction de son unicité en faisant des choix forts, tant pédagogiquement que technologiquement. Tout cela en maintenant un objectif essentiel : répondre aux besoins de l’ensemble de ses employés de la manière la plus personnalisée (bonne compétence au bon moment) et la plus pertinente (juste temps alloué à la formation pour atteindre la compétence, juste suivi de l’évolution de la compétence) possible. Pour terminer, en ce qui concerne l’évolution de la stratégie d’apprentissage, les cycles sont désormais plus courts qu’auparavant. Une logique d’amélioration continue (test and learn), soutenue par une data plus dense et plus qualifiée, ainsi que la capitalisation (entreprise apprenante), reflètent l’accélération des évolutions stratégiques des métiers.

    Sur le plan éthique, quelles préoccupations un directeur de formation doit-il envisager lors de l’intégration de l’IA dans les programmes de formation ?

    Frédéric : L’éthique est au cœur de l’usage de l’IA. Il faut se questionner sur la confidentialité des données, le consentement des apprenants, sur les biais potentiels dans les algorithmes d’IA, sur l’impact carbone de l’IA… Un directeur de formation doit veiller à ce que les outils d’IA utilisés soient transparents, équitables et respectent la vie privée des utilisateurs.


    Il est essentiel d’instaurer une confiance autour de l’utilisation de l’IA, ce qui passe par la mise en place d’une gouvernance éthique et des pratiques responsables encadrées dans une charte interne à chaque entreprise.

    Un peu à l’image de ce qui a été fait sur les sujets en lien avec la RSE ces dernières années.

  • Quel rôle jouent les partenariats stratégiques dans l’élaboration
    d’une stratégie de formation intégrant l’IA ?

    Florian : Le champ des cas d’usage liés à l’IA est presque infini, et des acteurs de plus en plus spécialisés vont émerger. Les partenariats stratégiques seront cruciaux pour aider les directions de formation, au moins à deux niveaux.

    D’une part, ces partenariats serviront à nourrir la réflexion et aider les directions de formation à faire des choix affirmés, notamment en fournissant des conseils en stratégie learning avec une vision comparative forte des choix qui sont pris dans les entreprises du marché, universités et experts en sciences cognitives.

    D’autre part, ces partenariats seront nécessaires pour adopter et déployer un nombre limité d’outils intégrant des IA et en assurer la conduite du changement. La Direction de la formation sera un des garants de la contextualisation de l’utilisation de l’IA au cadre spécifique de l’entreprise. Tout allant vite, il sera difficile, pour ne pas dire impossible, de réussir tout seul sur ce sujet…

    Enfin, comment un directeur de formation devrait-il aborder la question de la légalité en intégrant l’IA dans les programmes de formation ?

    Frédéric : : La question de la légalité est primordiale. Le RGPD est au cœur de tout, en tout cas en Europe car aux US et en Chine, c’est beaucoup plus « libre ». En France, et plus généralement en Europe, s’assurer que les données des apprenants sont gérées en toute conformité avec ces règles est essentiel. Il faut un consentement clair et transparent de la part des utilisateurs pour tout traitement de leurs données.

    Ensuite, il est important de rester en phase avec les évolutions juridiques. Travailler avec des experts en droit des technologies et en droit de la formation aide à naviguer dans ce paysage en constante évolution. Ils sont indispensables pour comprendre les subtilités légales, surtout dans les domaines où la loi est encore floue (et en ce moment, nous sommes en pleine zone grise sur beaucoup de sujets en lien avec l’IA…).

    Un autre point important est sans doute la formation continue de ses propres équipes. Il ne s’agit pas seulement de les former sur les aspects techniques, mais aussi de les sensibiliser aux implications juridiques et éthiques de leur travail avec l’IA.


    Il faut bien comprendre qu’en matière d’IA, la transparence est clé.

    Expliquer clairement, à toutes les parties prenantes, comment les données sont utilisées et traitées, est indispensable. Il faut aussi permettre aux utilisateurs de questionner et de comprendre les décisions prises par les systèmes d’IA, sans quoi ils développeront une défiance naturelle et ça pourrait compromettre les projets structurants en lien avec l’IA que vous pourriez mettre en place…

  • À propos de nos invités

    Frédéric Oru :

    Entrepreneur et ingénieur de recherche spécialisé en IA, Frédéric a plus de 20 ans d’expérience dans la transformation numérique au sein de grandes entreprises et de start-ups. Diplômé de l’École Polytechnique en tant qu’ingénieur et titulaire d’un doctorat en Mathématiques délivré par l’École Normale Supérieure, il a consacré dix ans de sa carrière au secteur des services informatiques et de la formation.
    Au cours de cette période, il a dirigé des projets stratégiques et internationaux pour des grandes entreprises. Frédéric est notamment l’un des fondateurs de NUMA et il a supervisé des programmes internationaux d’innovation ouverte axés sur la « data », tels que « DataCity » (solutions d’IA pour la ville intelligente), « Digital Industry » (solutions d’IA pour l’industrie) et « AI Hub » (accélérateur de start-ups en intelligence artificielle à Bangalore, en Inde).

    Florian Ploix :

    Diplômé de l’ESCP, Florian a démarré sa carrière dans le conseil en stratégie et management pour accompagner les entreprises à se transformer, notamment digitalement, et à conduire les changements afférents. Il a ensuite rejoint Very Up en tant que responsable grand compte pour inventer de nouvelles solutions pédagogiques au service des projets stratégiques des partenaires de Very Up. Il dirige aujourd’hui cette force de conseil, avec une casquette innovation marquée, dans l’optique de renouveler constamment les approches formatives vers toujours plus d’impact.

  • L’essentiel à retenir
    en trois points

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